Migrants africains : voyage au bout de l’enfer !


Indigne, stupéfiant, abject, si le choc devant les images filmées par CNN sur un « marché des esclaves » près de Tripoli en Libye suscite l’émotion planétaire, les mots n’ont pas de poids pour décrire, l’horreur, l’impensable, l’indicible !
 
C’est donc encore une fois une journaliste Nima Elbazir, reporter soudanaise, correspondante pour la chaîne américaine et non une instance politique, ni un service de renseignements qui dénonce une traite d’êtres humains au 21e siècle, plus précisément la vente de migrants noirs au plus offrant dans un souk sur des marchés aux esclaves en Libye !
 
« Un homme grand et fort pour des travaux fermiers », proclame un trafiquant ! Rien que ca !

En l’espace de quelques minutes de reportage en caméra cachée, une douzaine de migrants ont été vendus par des passeurs pour des sommes allant de 500 à 700 dinars libyens (jusqu’à 435 euros), et "ce type de marchés se tiendrait une ou deux fois par mois", nous explique t-on…

Des milliers d'hommes, de femmes et d’enfants originaires d'Afrique de l'Ouest et transitant par la Libye, en proie au chaos depuis la chute de Kadhafi en 2011, sont vendus aux enchères avant d’être soumis au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle. Originaires d’Afrique oui !… du Nigeria, du Niger, de Gambie, mais aussi du Sénégal…, les migrants sont capturés, battus, parfois jusqu’à la mort, rançonnés, violés, séquestrés et réduits en esclavage alors qu’ils empruntent la piste libyenne, d’où ils comptent gagner l’Europe en traversant la Méditerranée.

Ah, le monde politique peut bien se réveiller et tomber des nues de tout côté en déclarant : « Nous ne pensions pas avoir atteint ce degré où des êtres humains sont vendus ». L’horreur est pourtant absolue et le cauchemar libyen sordide !
Ce trafic d'êtres humains doit cesser immédiatement !
La ronde des commissions, des conseils et des réunions s’agite et s’organise, ce n’est pas encore cette fois l’opportunisme politique, faisant croire qu’il ne le savait pas qui fera cesser ce crime.

Le président de la commission de l'Union africaine peut ainsi annoncer le départ de toute urgence pour la Libye de la commissaire aux Affaires sociales et lancer un appel à l'aide au calvaire des migrants subsahariens en Libye. Qu’est-ce que cela changera ? Mais nous avons compris Messieurs ! Chacun pour soi et Dieu pour tous !

Le président français, Emmanuel Macron, peut tout aussi bien dénoncer des « crimes contre l’humanité » et demander la réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder cette question. Qui va l’écouter ?

Notre chef d’état, Macky Sall a souligné, mardi à Abuja que le Sénégal s’emploiera à faire traduire en justice les auteurs de la vente de migrants originaires d’Afrique subsaharienne sur le territoire libyen, soutenant que ce "commerce de la honte, qui réveille les démons de l’esclavage, est la pire forme de violation des droits humains, une offense à la conscience universelle qui ne doit en aucun cas rester impunie". 
 
Sont-ce là de belles intentions, ou a t-il les moyens de ses ambitions ?
Parmi les personnalités, sportifs, intellectuels et artistes qui ont pris position, l’écrivain et ancien ministre de la culture, Makhily Gassama porte un regard lucide sur la situation pour en tirer la conclusion selon laquelle « le geste de ce pays membre de l’Union Africaine (la Libye), est un signe précieux : il met à nu nos échecs ». Dans un entretien accordé à Sud, il déclare que ce n’est pas « la cruauté de l’Afrique arabe qui l’émeut », mais « c’est l’indifférence coupable de nos chefs d’Etat et de nos organisations sous régionales qui me bouleversent », dit-il.
Précisons cependant que notre pays, le Sénégal, comme l’a rappelé notre président Macky Sall a déjà rapatrié 2449 de ses ressortissants de Libye.
 
Le fléau de l’indifférence

C’est parce que nous ne nous indignons pas suffisamment, que plus de 40 millions de personnes vivent dans le monde dans une situation assimilable à l’esclavage. 
Moussa, migrant camerounais décrit un pays, la Libye, en proie à l’anarchie et aux bandits, où les forces de l’ordre participent au trafic. À qui la faute ??? Je me garderai de remuer le couteau dans la plaie ! Qui a sacrifié Khadafi ?

C’est probablement le manque de concertation, de moyens et de courage de l’Union Africaine, incapable d’engager une procédure internationale de sanction !

C’est aussi l’Europe, peu regardante, qui accepte par délégation la finance de milices locales impliquées dans cet enfer libyen et le renvoi de migrants vers la Libye alors que l’urgence est de faire cesser un crime contre l’Humanité.

Un crime de l’indifférence vous dis-je ! Nous acceptons tous que les migrants puissent être «moins bien traités que des animaux» et cela nous interroge sur le tournant que prennent nos civilisations et nos cultures.

Après la chute de l’utopie communiste, le printemps des totalitarismes et l’échec visible de l’idéologie néo-libérale, le danger serait que les démocraties perdantes face aux percées du populisme laissent présager des jours sombres pour l’humanité.

Quant au migrant, à moins qu’il soit inférieur s’il est Noir... Le monde peut bien s’émouvoir de son sort, « À mon ennemi je ne souhaite pas cela », s’il survit à cet enfer qui ravive en lui des douleurs issues des profondeurs de notre Histoire et si son rêve d'arriver en Europe se réalise, ne devons-nous pas lui faire une petite place ou à minima, faire acte de compassion, de considération et de bienveillance ? 

Mais toute la question de cette migration est ailleurs ! Dans l’éducation, l’égalité des chances et l’emploi de nos jeunes. Si l’on observe la problématique à 360°, la question de l’éducation, de la formation mais aussi et surtout de l’insertion professionnelle de la jeunesse reste et restera le fer de lance de la nation et l’avenir du continent. 

Il y a des jours, l’on se garderait bien de rester au lit et de ne pas ouvrir les yeux sur toutes ces trahisons de la bien pensance si égoïste et si convaincue ! 
 
Oumou Wane
Vendredi 24 Novembre 2017




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